ACTE V - LA MÉTAMORPHOSE

*****

5.4 - UN HÉLICOPTÈRE DANS LE DÉSERT

02/03/2018, Au fond du Grand Canyon (Arizona, USA)

 

Quelque part dans le désert du Nevada,

 

Seul, dans l’immensité d’un désert.

Le meilleur moyen de nous rappeler notre humilité et nos valeurs les plus fondamentales.

 

Bon, c’est sûr… je n’étais pas vraiment seul dans ce désert du Nevada que j’ai visité pour la première fois au tout début du mois de mars de l’année 2018. 

Une visite qui tombe à pic comme on dit car il fallait absolument que je prenne l’air pour reprendre mes esprits après ce salon riche en émotions pour P’tit Prince et moi. 

Quoi de plus pure et de plus vivifiant que l’air sec et chaud d’un vrai désert américain…

 

Le sable règne en maître sur ce domaine, bien sûr, mais attention toutefois aux stéréotypes car dans cette zone désertique, la roche prenait bien plus de place que l’habituel sable des dunes que l'on imagine tous aisément.

Dans cet endroit, la végétation n’y est pas abondante, comme la plupart des zones arides du globe, mais elle n’est pas inexistante, non plus !

C’est le Far West ! Le vrai. Enfin celui qu’on voit dans les films… À chaque pas de cette petite balade dans les lits de rivières asséchées, je m’apprête, à tout instant, à éviter les flèches d’une attaque de Sioux ou les balles d’un hold-up de cowboys… Comme c'est cliché !

Ce paysage désolé accueille plus de vie que l’on ne pourrait imaginer ; sous chaque pierre chaude, chaque buisson esseulé ou encore chaque cavité rocheuse se trouve un être vivant très bien adapté qui passe probablement d'ailleurs une très bonne journée.

 

Il est difficile de ne pas penser à l’image du serpent à sonnettes, bien trop célèbre à mon goût, caché sous une roche et prêt à vous mordre à la moindre occasion… P’tit Prince est d’ailleurs bien collé contre moi, je pense que les serpents, il préfère les voir en dessin ! La région est à risque certes mais tout de même… 

Être dans le désert, même à seulement quelques mètres de la voiture, nous rend vulnérable, l’immensité aride nous oppresse et nous libère pourtant. Je peux maintenant commencer à appréhender le sentiment que l’on peut ressentir après un accident d’avion en plein milieu d’une zone si inhospitalière. Seul un mirage miraculeux, un Onérel peut-être, pourrait aider à affronter cette solitude et à vous sortir de cette attente des secours réellement interminable…

 

MOI (Se tournant vers P’tit Prince occupé à examiner un coléoptère sortant de sa grotte)

Je me sens tout petit dans cette immensité…

 

P’TIT PRINCE (Relevant la tête et laissant le scarabée poursuivre son chemin)

C’est beau, n’est-ce pas ? La vue de haut doit être époustouflante, l’horizon à perte de vue et la zone de solitude imme… HÉLI-COPTÈÈÈÈÈÈÈRE !!!

(Regardant son pilote dans les yeux avec mécontentement)

Ah non ! Pas maintenant ! Qu’est-ce qu’il y a encore ? Le salon était hier et il n’y a pas d’hélicoptère ici. Pourquoi tu penses à ces machines encore aujourd’hui ? Héli… Hélicoptèèèèèèère ! Dans un désert, en plus !

 

MOI (Répliquant gêné avec délicatesse)

Je ne te l’avais pas dit ? Mais si… C’est sûr que j’ai dû t’en parler…

 

P’TIT PRINCE (Rappelant son impatience)

Quoi ? Qu’est-ce que tu ne m’as pas dit ?

 

MOI (Poursuivant avec toujours plus de délicatesse)

Ben… Il me semble bien, que demain… On aurait, sous toutes réserves… un vol d’hélicoptère prévu pour aller voir le Grand Canyon !! Mais comme tu as mentionné la vue d’un désert depuis le ciel et bien mon cerveau n’a fait qu’un tour…

(Voyant le visage de P’tit Prince pas convaincu pour un cent)

Mais tu devrais aimer ça, toi qui voulais aller voir l’immensité du désert, l’horizon à perte de vue tout ça, tout ça !

 

P’TIT PRINCE (Rassuré et plus détendu)

Ma foi pourquoi pas ! C’est une bonne idée, en fait ! Et en plus ce sera ma première fois dans un hélicoptère. 

De plus, à la vue de ton état ces temps-ci, il va falloir que je commence à m’y habituer, j’imagine… 

 

MOI (Répliquant tout excité et rassuré de la réaction de P’tit Prince)

Ce sera aussi mon baptême d’hélicoptère !!! J’ai tellement hâte !

 

*****

 

Le lendemain sur le tarmac,

 

Plus de cinquante hélicoptères nous faisaient face sur ce tarmac, prêt à partir pour leurs rotations touristiques quotidiennes au-dessus du Grand Canyon et de la région. 

Il faut que je fasse quoi maintenant, en choisir un ?

 

Le vol était précédé d’une visite des hangars de la compagnie, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un voyage pédagogique organisé par mon école, n'est ce pas ?

À 10h58, heure locale, on prenait place dans le célèbre hélicoptère européen EC130, surnommé ‘super écureuil’, pour les intimes.

Sept passagers et un pilote dans un fuselage pas beaucoup plus gros qu’un Cessna, cela tenait du miracle ! Mais étrangement et avec l’aide de très bons ingénieurs de conception, l’espace était très spacieux nous laissant même la place pour étendre nos jambes, sans aucun problème.

 

Les turbines sifflèrent à leur démarrage et signalèrent rapidement au pilote qu’elles étaient prêtes à supporter notre poids pour le décollage. Le pilote leur répondit aussitôt en augmentant le régime du moteur au maximum pour recueillir toute la puissance du groupe propulseur. Et tandis que l’aéronef démontrait toute sa puissance, le pilote leva avec douceur et contrôle le levier du pas collectif de sa main gauche. Une commande qui ressemble étrangement au frein à main d’une voiture, pour vous aider un peu à figurer la scène !

Le rotor se mit à frapper l’air dans un bruit de ‘flap flap flap’ significatif d’une voilure tournante, l’appareil commençait à se soulager de son poids et des vibrations commençaient à se faire sentir dans toute la cabine lorsque le point d’équilibre entre le sol et les airs fut atteint.

Tout se calma d’un seul coup lorsque les patins quittèrent pour de bon le sol et le pilote pencha alors la machine vers l’avant à l’aide du manche cyclique tenu dans sa main droite. On avait décollé.

 

Voler est une évasion vers la liberté en direction de ses rêves mais dans un hélicoptère, l’évasion est véritablement spectaculaire ! L’une des beautés de cette machine est son incroyable manœuvrabilité et ses nombreux et variés domaines d’expertise. C’est également l’une des machines les plus difficiles à maintenir en vol puisque sa nature instable oblige le pilote à corriger en permanence son attitude de vol.

C’est peut-être pour cela que j’apprécie tant l’hélicoptère : je n’aime pas les chemins trop faciles, sans défis, ni travail à fournir et avec l’hélicoptère, le pilote travaille et mérite chaque seconde et chaque minute son évasion dans les nuages. Il mérite alors, par son travail, la liberté de voler comme un oiseau.

 

Le barrage Hoover est un monstre d’architecture, une célébrité parmi les barrages et en passant au-dessus de cette infrastructure si imposante, on imagine aisément la puissance hydraulique que peut fournir ce mur de béton face à cette immense retenue d’eau.

Le plat de résistance de ce tour d’hélicoptère est bien évidemment la visite du Grand Canyon. Une vue verticale de ce célèbre monument de Mère Nature qui se transforma soudainement en un raid militaire électrisant lorsque le pilote plongea son hélicoptère et ses passagers au fond du gouffre rocheux. Il démontra par la suite ses prouesses de pilotage en atterrissant avec précision et avec une facilité humiliante, sur un plateau rocheux bien loin des sentiers balisés.

Quelle meilleure place pourrait-on trouver pour prendre notre déjeuner ?

 

P’TIT PRINCE (Descendant sur le plateau rocheux en se tenant vigoureusement aux patins)

Wow, l’hélicoptère c’est trop génial… j’en veux un !!!

 

MOI (Suivant P’tit Prince et répliquant tout excité)

C’est fou, tu as raison, moi aussi j’aimerais devenir pilote de ce genre de machine un jour, c’est époustouflant... Regarde où l’on se trouve !

(Prenant la peine d’effectuer un 360 pour observer les environs)

On est vraiment au milieu de nulle part encore une fois, je me sens si vivant dans ce paysage si reculé…

 

P’TIT PRINCE (Me regardant à nouveau après avoir lui aussi fait son 360)

Je veux un hélicoptère… J’en veux un !!!

 

MOI (Se retournant à nouveau pour répondre à P’tit Prince)

Oui, je te comprends moi aussi, j’aimerais ça un jour !!

 

P’TIT PRINCE (Me regardant à nouveau avec conviction et sérieux)

Je veux un hélicoptère… J’en veux un !!!

 

MOI (Intrigué et bégayant devant l’insistance de P’tit Prince)

Comment ça, tu VEUX un hélicoptère ? À… à toi ? Mais où… Où est-ce que tu veux que je te trouve ça ?

 

P’TIT PRINCE (Se retournant et se dirigeant vers l’hélicoptère)

Tu veux que je me rapproche de ta passion, n’est-ce-pas ?

 

(Il sortit alors un sac à dos du cockpit de la machine, l’ouvrit et commença à fouiller à l’intérieur.)

 

Quant à moi, je veux essayer de régler cette crise d’Onérel…

 

(Il finit par trouver un morceau de papier et un crayon qu’il amena devant moi et me tendit avec un sourire.)

 

Alors, s’il te plait mon pilote rêveur, dessine-moi un hélicoptère !

 

*****

Version imprimable | Plan du site
Version BRAVO du 07/05/2021 par T.Ernst & L.Ernst - @ worldwaterwings

Email

Plan d'accès