ACTE IV - L'EXPLORATION

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4.8 - AVION DES NEIGES

« La neige fait au nord ce qu'au sud fait le sable. » 

Victor HUGO

23/01/2018, Sur l'aéroport de St-Hubert (Québec, Canada)

 

Le blizzard canadien c’est comme si vous rouliez sur l’autoroute à vive allure et que vous sortiez la tête à l’extérieur… Le tout sous une pluie battante et une température avoisinant le zéro degré !

Vous visualisez l’image j’en suis sûr… Bon, bien sûr j’ai dit une pluie mais c’est parce que tout le monde en a déjà vu au moins une, dans sa vie tandis que la neige, ben c’est déjà beaucoup plus rare dans certains pays !

 

Mais alors, il y a-t-il encore des opérations aériennes durant ces périodes au climat aussi extrême ? Il serait en tout cas logique de se poser la question.

C’est en janvier 2018 que je participais pour la deuxième fois à des opérations aériennes en plein hiver québécois sur l’aéroport de St-Hubert. Cependant ayant acquis de l’expérience et plus de responsabilités, l’ampleur du travail hivernale se fit bien plus ressentir que la première fois.

 

Tout d’abord, inutile de vous garder le suspens plus longtemps… Oui, il y a bien des vols en hiver au Québec et j’ajouterais même que je pense avoir découvert l’industrie aéronautique la plus préparée pour affronter ce genre de climats polaires.

 

L’avion aime le froid.

Attention, je parle ici d’aérodynamique. En effet, le froid rend l’air plus dense ce qui permet de soutenir l’avion plus facilement et avec moins d’effort, le transport de charge et plus facile et l’économie de carburant indéniable. Si vous en doutez, demander à un pilote la journée parfaite pour un vol de performance, il vous répondra à coup sûr un jour ensoleillé, sec mais surtout froid. Le soleil d’hiver est donc l’allié idéal pour un bon vol d’un aéronef.

 

L’avion n’aime pas le froid.

Bien évidemment, la solution n’est comme d’habitude pas aussi simple que cela. Même si aérodynamiquement les aéronefs préfèrent les journées froides d’hiver, il en n’est malheureusement pas de même pour ses nombreux systèmes embarqués qui eux n’apprécient pas trop les températures négatives. 

Parmi les fragiles (les moumounes en bon québécois), on retrouve le moteur et son démarrage, les systèmes hydrauliques, les circuits de lubrification ou encore et surtout les équipements électroniques comme les ordinateurs de bords et les capteurs. Vous l’aurez compris des composants relativement indispensables pour permettre le vol d’un appareil… 

 

Et si c’était si simple...

Oui, mais voilà l’hiver nous offre un autre important phénomène à prendre en compte… L’instabilité des phénomènes météorologiques. C’est une surprise pour personne et c’est probablement la source de la majorité de vos dépressions hivernales annuelles ; le temps est parfois très désagréable pour ne pas dire carrément insoutenable. Entre les chutes de neige, la glace, le vent, la pluie ou encore la grêle, la nature n’est clairement pas de bonne humeur, et vous non plus par extension. Et les vols aériens en font bien évidemment les frais. Les tempêtes menacent la sécurité d’un vol tandis que la glace alourdit le pauvre avion qui malgré l’air froid et dense a de plus en plus de mal à se maintenir en vol. Le givrage des ailes change son profil et rend parfois difficile le mouvement des gouvernes. Bref, ça ne sent pas bon pour nos aventuriers du ciel et leur fragile machine volante.

 

L’hiver au Québec dans l’aviation est une saison de tous les défis et où assurer une liaison quotidienne devient une prouesse de logistique. L’ensemble de l’équipe est suspendu aux écrans des radars météo pour déceler la moindre fenêtre d’un départ sécuritaire opportun. 

Mais le lys bleu est né dans ce climat et son industrie est extrêmement bien préparée à affronter ces périodes difficiles. En plus du ballet incessant de l’armée de déneigeuses qui dégagent "avec délicatesse" les voies de circulation, les infrastructures sont équipées pour le dégivrage des avions et même le carburant se voit ajouter un ingrédient magique pour résister à son point de congélation.

 

L’esprit tranquille et les opérations aériennes hivernales en bonne voie, je peux désormais profiter de cette merveilleuse saison sur les nombreuses pentes de ski de la province. M’asseoir calmement près d’un feu de cheminée, une boisson chaude dans une main et un livre dans l’autre.

 

Il fait froid mais franchement on n’est pas bien dans la poudreuse ? 

 

Bon par contre ici ça tombe vite la neige… Aidez-moi à creuser je pense que P’tit Prince s’est fait ensevelir sous les flocons !

 

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