ACTE IV - L'EXPLORATION

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4.5 - LES AILES DU CANADA

« Le musée est un des lieux qui donnent la plus haute idée de l'Homme » 

André MALRAUX

08/11/2017, Musée de l'aviation du Canada, Ottawa (Ontario, Canada)

 

Toutes nations ayant participé à la “grande Épopée de l’homme volant“ possèdent assurément, quelque part, un musée de l’histoire de son aviation et de ses pionniers…

 

Le Canada ne déroge donc pas à la règle et son centre du patrimoine aéronautique canadien est d’ailleurs situé en périphérie de la ville d’Ottawa. Une localisation peu surprenante puisque la ville ontarienne est désignée capitale du Canada, un point de centralisation des pouvoirs du pays à la feuille d’érable.

 

Même si ce n’est pas le seul centre de préservation du patrimoine aéronautique du territoire, celui d’Ottawa est le seul à être reconnu comme centre national de l’histoire de l’aviation et de l’espace du pays. Ce qui rend bien entendu sa visite incontournable et ses expositions rares, précieuses et extrêmement intéressantes pour un passionné du ciel comme moi.

Le musée est composé d’une seule et immense structure, de type hangar, dans laquelle un couloir, dessiné à coup de pancarte, panneaux et fils de sécurité, permet aux visiteurs curieux de serpenter autour des modèles d’exposition.

 

On découvre ainsi avec émerveillement et après un rappel concis des origines du vol de l’homme, le premier appareil volant du Canada, le Biplan Silver Dart. Un modèle, un pour un, exposé à l’avant de la collection et qui fait la fierté de l’institut de préservation du patrimoine. Un oiseau de bois et de toile qui vola avec succès pour la première fois en 1909, emportant dans les airs ses premiers passagers canadiens de l’histoire. Une épopée passionnante du début de l’aviation dans le Grand Nord blanc.

 

Pour un européen, la suite de la visite s’annonce des plus palpitantes car on y découvre l’histoire de l’aviation de brousse canadienne relativement rare et méconnue, dans le vieux continent, mais évidemment très présente dans les immenses espaces du nord canadien.

 

C’est ensuite au tour du coin des hélicoptères d’attirer mon œil de passionné. Je me laisse surprendre ensuite par l’aviation de la seconde guerre mondiale avec l’exposition de véritables témoins des combats qui ont fait rage, il y a maintenant plus de soixante ans. 

La curiosité du musée est un appareil supersonique, placé au fond du hangar juste derrière l’histoire du transport aérien civil et qui répond au nom d’Avro Arrow. Un avion aux traits racés et à l’allure futuriste qui trône fièrement en maître au-dessus de ses sujets. Il fait, en effet, partie des rares modèles construits entièrement par le Canada et qui a pu bravement affronter la concurrence des modèles américains et européens de l’époque. Un avion rapide et extrêmement puissant qui n’aura malheureusement pas eu la carrière qui lui était prédestiné… Une question de ‘timing’ et de concurrence malheureusement mais son ingénierie et sa conception démontre tout le savoir-faire de l’industrie aéronautique canadienne.

 

La véritable surprise de la journée est la visite exceptionnelle d’un deuxième hangar, appelé la ‘Réserve’ encore plus imposant que le premier, beaucoup plus encombré aussi et qui ne reçoit pas souvent de visiteurs. C’est donc en comité restreint que l’on se mit à avancer difficilement dans cette collection qui transforme véritablement le hangar en une forêt impénétrable de gouvernes et de pâles. Les avions et hélicoptères y dorment paisiblement, collés ailes contre fuselages, dérives contre rotors dans cette immense espace à l’abri des regards indiscrets. Ils attendent leur tour profitant de leur retraite paisible bien au chaud dans le silence le plus apaisant et au milieu d’odeurs de vieilles huiles d’un autre temps. 

Les curieux peuvent alors deviner la peinture de ces fuselages et ailes, témoin de leur passé, dissimulée sous une épaisse couche de poussière, témoin de leur attente.

 

La fabuleuse aventure dans le musée de l’aviation s’achève finalement, dans le hall d’entrée, sous un CT-114 Tutor de l’armée canadienne accroché, cockpit en bas dans une de ses célèbres acrobaties au sein de la célèbre patrouille aérienne des Snowbirds. P’tit Prince et moi contemplons alors ce jet d’entrainement de la Royal Canadian Air Force tout en serrant contre nous le livre « Les Ailes du Canada » acheté à la boutique de souvenir, un fabuleux moment de lecture en perspective…

 

L’histoire de l’aviation canadienne s’est finalement laissée découvrir tout au long de cette visite et apparaît désormais beaucoup plus importante et riche qu’envisagé au départ.

 

Après tout c’est surement ça, la vraie mission d’un musée ; créer une petite fenêtre avec vue sur le passé pour pouvoir l’entrevoir, le comprendre et le transmettre afin de ne jamais l’oublier.

 

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Version BRAVO du 07/05/2021 par T.Ernst & L.Ernst - @ worldwaterwings

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