ACTE V - LA MÉTAMORPHOSE

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5.2 - J'AI LA TÊTE QUI TOURNE...

26/02/2018, Sur la rue principale de Las Vegas (Nevada, USA)

 

L’avion posa ses roues sur la piste dans un crissement de pneu et en dégageant un immense nuage de poussière orange, témoin indéfectible de l’air ambiant sec et chaud de cet endroit désertique. La frénésie de Las Vegas ne tarda pas à venir jusqu’à nous, même dans l’enceinte de l’aéroport McCarran, où à la place des petites boutiques ‘Duty Free’ bien connues des voyageurs, siégeaient de nombreuses machines à sous tout droit importées des nombreux casinos voisins. Inutile de chercher bien loin l’origine du surnom ; la ville du jeu.

C’est un taxi qui nous permit d’arriver à notre hôtel-casino. Un véritable cirque à notre entrée dans ce bâtiment à la devanture ‘clownesque’. Le jeu était vraiment omniprésent.

Les jours suivants nous permirent de visiter un peu cette ville… ou plutôt cette rue. En effet, pour ce qui n’ont pas eu le plaisir de visiter Las Vegas, l’essentiel de sa célébrité, de sa flamboyance et de son attrait se trouve exclusivement… sur la rue principale, un vestige des villes de la Conquête de l’Ouest, qu’on pourrait aussi appeler, dans notre cas, la ‘rue des casinos’.

L’atmosphère y est frénétique là où les jeux d’argent règnent en maître incontesté et où l’ivresse des Hommes devient une monnaie d’échange.

Même l’architecture et les thèmes des casinos témoignent de la folie qui s’y cache à l’intérieur. Sur une centaine mètres on peut ainsi passer de l’Égypte et ses pyramides à l’Empire romain et son palais impérial en passant par Paris et sa dame de fer, un quartier lui-même situé juste à côté de Venise et ses gondoles pour finir par se retrouver dans un temple chinois de l’Empire du milieu. Quel plaisir que de pouvoir voyager autour du monde en allant simplement aller acheter son ‘lunch’ au centre commercial.

 

Tout se passe à Las Vegas.

Chaque jour, chaque heure, chaque minute, des millions deviennent miliers, des milliers deviennent centaines. Parfois des milliers tristes deviennent de radieux milliers mais ils sont si peu à réussir à transformer leur maigre fortune en montagne d’or. 

L’argent amène l’argent, un principe si souvent oublier dans cette ville de la tentation où la folie du jeu l’emporte bien souvent.

 

P’TIT PRINCE (Blanc comme un cachet d’aspirine répliquant dans un soupir)

J’ai la tête qui tourne…

 

MOI (Regardant P’tit Prince et rétorquant)

 Je te comprends… moi aussi cette ville me donne le tournis mais ne t’inquiète pas, demain on va visiter ce pourquoi on est venu ici au Nevada ; le salon international des hélicoptères, HAI édition 2018.

Je ne pense qu’à ça depuis ce matin…

 

P’TIT PRINCE (Écarquillant d’un coup les yeux)

Tu penses à ça depuis ce matin ? Et moi qui pensais que c’était cette ville folle… C’est encore tes hélicoptères… c’est pour ça que j’ai le tournis depuis ce matin !

 

MOI (Regardant le sol d’un air coupable)

Tu crois sérieusement que ce sont mes pensées ‘hélicoptères’ qui te rendent si… malade et nauséeux ?

 

P’TIT PRINCE (Penchant sa tête pour me regarder dans les yeux)

Je pense que oui… mais rassure-toi, je ne suis pas malade, je suis probablement en train de faire une métamorphose d’Onérel. Enfin je pense que c’est ça, c’est ma première depuis que j’existe…

 

MOI (Répliquant intrigué et perdu)

Une quoi ? Une métamor… D’Onérel ?

 

P’TIT PRINCE (Regardant son pilote et reprenant d’un air sérieux en fermant les yeux avec un ton pédagogique)

Oui, une métamorphose. Inutile de te rappeler, mon cher, que je suis un Onérel, une projection de tes rêves, et je prends ainsi la forme de ce qu’ils représentent pour toi : tes projets, tes passions…

C’est pour ça que l’Onérel est un polymorphe qui peut prendre différentes formes et qui n’a jamais la même apparence d’une personne à l’autre.

 

MOI (De plus en plus perdu)

Oui et alors ?

 

P’TIT PRINCE (Reprenant voyant mon impatience)

J’ai la forme du Petit Prince, le célèbre personnage fictif de St-Exupéry, car pour toi cela représente la passion pour l’aviation que tu as depuis plusieurs années…

Mais si on imagine, que ta passion évolue, change ou même se précise… Comme par exemple un intérêt particulier pour une machine volante…

(Prenant une pause pour me regarder d’un air suspicieux)

Un hélicoptère, par exemple…

(Reprenant une pause pour bien faire comprendre là où il voulait en venir)

Et bien, il se peut que ma forme actuelle d’Onérel ne corresponde plus à 100% à tes rêves… Il me manque quelque chose, si je peux dire…

Je peux alors ressentir des crises et des agitations m’indiquant cette irrégularité de mon apparence et de ma forme…

 

MOI (Écarquillant les yeux avec la bouche ouverte de stupéfaction)

Ohhhhhhh wow… Les Onérels sont décidément des êtres pleins de mystères !

Qu’est-ce qu’il faut faire alors ? Tu ne vas pas rester comme ça indéfiniment…

 

P’TIT PRINCE (Abaissant le regard d’air gêné)

Ben c’est bien ça le problème… je ne sais pas vraiment c’est ma première fois… J’imagine qu’il faut que je trouve un moyen de changer mon apparence pour rejoindre ta nouvelle passion actuelle. Que je devienne quelqu’un d’autre…

 

MOI (Protestant vivement en prenant P’tit Prince dans mes bras)

Mais je ne veux pas que tu changes, moi… J’aime cette apparence, elle me rappelle mon enfance, ma passion pour l’aviation. Et puis, si ça se trouve je n’aime pas tant que ça les hélicoptères. Le salon commence demain matin, ce sera une belle occasion pour voir si ce monde est vraiment le mien, non ?

On va trouver une autre solution, je te le promets !

 

P’TIT PRINCE (Me regardant avec un sourire)

C’est vrai, tu as raison. On est une équipe ! On va trouver autre chose, j’en suis sûr !! Ce qui est certain, par contre, c’est que si les hélicoptères font maintenant parti de toi et de tes projets, il va falloir que je trouve quelque chose pour arrêter ces crises de personnalités…

HÉ-LI-CO-PTÈÈÈÈRE !!

 

MOI (Intervenant rapidement gêné)

Oups !! Excuse-moi… mas tu en as parler aussi !!

 

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